Vue de l’ascension

Lettre ouverte à mes frères prêtres

Seigneur Jésus, tu nous a donné tous les éléments pour voir advenir la Pentecôte sur la terre. Alors, Seigneur ! nous t’invoquons, pour la joie de tes enfants et pour que le monde puisse voir ta gloire !

le lever du soleil sur le SInaî
Quand le soleil se lève sur le Sinaï, Terre Sainte où Dieu se fit présent

Ce temps que je vais vous partager fait partie de ces moments qui laissent une marque profonde dans la vie spirituelle. et je vous propose en introduction ce tweet du Pape François en date du 25 mai 2020 : « Jésus a pris sur lui notre humanité pour la porter au-delà de la mort, dans un lieu nouveau, au Ciel, pour que là où Il est, nous soyons nous aussi. »

Voilà, c’est le jour de l’ascension. Je suis dans l’église de mon quartier où il s’est passé de fortes expériences. J’ai été saisie, dès le matin, avant la messe, par une émotion : je me sens proche des apôtres réunis autour de Jésus. Cela fait déjà quelques temps qu’Il leur apparaît, qu’Il est auprès d’eux, les guide, les rassure, et les enseigne avec la joie de sa présence, la folie de ses apparitions. Je suis dans cette joie.

Je le sais aussi, ce jour, Jésus doit les quitter. Je ressens encore la joie de Sa présence, la force qu’Il dégage ! Et je la ressens encore là, en ce début de messe, expérience particulière, que celle d’être en phase avec les émotions vécues par les apôtres, il y a quelques années, enfin 2000 ans…!

La rupture est proche : Il va s’élever comme jamais Il ne l’a encore fait. Il disparaît dans le ciel devant eux. Le ciel est vide. Les anges les rassurent mais les apôtres sont littéralement sidérés.

C’est le soir de cette journée que la tristesse est descendue. Elle m’a saisie et pétrifiée ! Le terme est douloureux. J’ai ressenti alors l’incertitude du lendemain. Qu’allais je devenir ? Lui, loin, absent ! Comment cela va-t-il se passer ?

Si j’en parle ainsi, c’est que cette émotion, je l’ai vécue quand petite fille, mon père est décédé, dans notre accident de voiture. Cette petite fille est profondément en moi. En un instant, elle est devenue orpheline avec la douloureuse expérience de l’abandon, et la question d’une réalité angoissante : qu’est ce qui va se passer ?

C’est cette solitude définitive qui m’a rejointe avec celle des apôtres, en cette fin de journée de l’ascension. Celle d’un adieu, d’un lendemain plein d’absence, d’abandon, d’incertitudes et de peurs sournoises. Une expérience de deuil à traverser.

Ce départ réalise un clivage entre la vie d’avant, avec Lui et un vide où l’Esprit Saint va se poser, un jour de Pentecôte. Ce sera une étape qui ouvre le cœur à la venue de l’Esprit Saint, promis par Jésus. Lui parti, c’est l’Esprit Saint qui vient nous rejoindre, pour que chacun puisse devenir Son temple !

Rester sur la seule histoire de Jésus, c’est vivre dans la symbiose qui est en contradiction avec la liberté promise par le Seigneur. Et puis Jésus l’avait évoqué en Luc 12,49-50 « C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre , et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! C’est un baptême que j’ai à recevoir, et comme cela me pèse jusqu’à ce qu’il soit accompli ». C’est Jésus, Seigneur et Sauveur, pour ceux qui s’aventurent dans le Royaume, ici et maintenant, comme il l’a promis, en Luc 17,212, et pour ceux qui cherchent les réalités d’en Haut, en Colossien 3,1-4.

Ce clivage n’est guère évoqué. Cette expérience ne trouve pas sa place dans la sécurité de vivre Jésus, comme une histoire qui s’est déroulée, il y a bien longtemps. Pour s’ouvrir à la présence de l’Esprit Saint, il y a à accepter Son départ, car Lui va se faire don ensuite, dans l’Eucharistie, où sa mystérieuse présence se redonne inlassablement, notre ressource. Et l’échange entre Thomas et le Seigneur nous le partage : »… sinon vous aurais-je dit que j’allais vous préparer le lieu où vous serez ? Lorsque je serai aller vous le préparer , je reviendrai et je vous prendrai avec moi, si bien que là où je suis, vous serez vous aussi » 3.

Et la pentecôte n’est pas qu’une apparition de l’Esprit Saint. Elle est la présence du Ciel sur la Terre ! Et dans cette relation, le ciel s’ouvre et l’on peut suivre le Seigneur.

Ce qui apparaît, c’est qu’à défaut de se laisser tenter par l’expérience, on garde la notion d’une belle histoire, en symbiose avec Jésus, alors que nous répétons inlassablement dans le Notre Père : « sur la terre comme au Ciel » avec les charismes enseignés par saint Paul.

La Parole avec nos expériences du Seigneur, mues par l’Esprit Saint, dans ce laisser faire, font la joie du Seigneur, dont Il nous inonde ! Vivre l’expérience ! Vive l’expérience !

Aude, le vendredi 21 mai 2021

Voici le partage de mon amie Florence qui éclaire le texte : Merci Aude pour ce partage. L’absence crée le désir, l’épanouissement, la place pour une autre expérience. Il fallait qu’Il parte pour que nous recevions l’amour en Esprit et en Vérité. Merci pour ce partage. Je ne parlerais pas de clivage mais parfois il faut s’effacer pour que l’autre trouve sa place, se réalise pleinement. Je pense que l’on doit ressentir la même chose avec ses enfants. Merci pour ce partage. IL faut que la nuit s’efface pour que l’aube, l’Aude se fasse.

1 Une décision a prendre personnellement qui mène au baptême de l’Esprit Saint, notre pentecôte à nous.

2 Luc 17,21 « Le règne de Dieu est parmi vous ».

3 Jean 14,2-3, traduction de la TOB

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